A+A-
Imprimer Partager sur Facebook

Le commerce équitable est-il soluble dans le développement durable ?

Publié le 08 mai 2013 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2020

DECRYPTAGE - Le commerce équitable est souvent présenté comme une illustration de ce que peut être le développement durable. Pas un manuel ou guide qui ne le cite en exemple. De fait, il satisfait de prime abord aux exigences liées au trois piliers, économique, social et environnemental du concept défini au Sommet de la terre de Rio de Janeiro. Mais il manque deux volets essentiels : le politique et le culturel.
 

Le Rapport Brundtland

Le Rapport Brundtland, intitulé Notre avenir à tous est rédigée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU, présidée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland. Utilisé comme base au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro de 1992, le rapport a popularisé l'expression de « développement durable » avec une définition depuis admise par tous :

 « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »

Au cours du Sommet de la Terre de Rio de 1992, les trois piliers du développement durable sont énoncés pour la première fois.

« L'objectif du développement durable est de définir des schémas viables qui concilient les trois aspects écologique, social et économique des activités humaines. »

Le pilier économique du développement durable 

Le commerce équitable s’inscrit dans une logique entrepreneuriale et d’échange marchand, et non dans une logique d’assistanat. Ce faisant, il contribue à la création de valeurs et d’emplois. Notre pratique engagée du commerce équitable a un impact durable sur le niveau de vie des producteurs car avec la notion de projet, nous cherchons à déclencher des transformations économiques collectives par :
 

un prix équitable adapté à chaque coopérative. Ethiquable a créée une méthodologie de calcul adapté à chaque coopérative. Ce prix est supérieur aux prix minimum garanti par les labels de commerce équitable car il prend en compte les particularités de chaque organisation.

Nous estimons que la commercialisation de nos 120 produits impact direct et quantifiable pour 49 coopératives, soit 35 000 producteurs et productrices dans 24 pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie... et en France avec notre démarche Paysans d'ici. L’ensemble de nos partenaires sont des coopératives actives qui ont des projets collectifs. Car nous pensons que l’agriculture paysanne est en mesure (quand elle est soutenue) de générer de véritables dynamiques de développement.
 
 
des relations directes avec les organisations de producteurs. Cet achat direct sans intermédiaires permet de bien évaluer les besoins des producteurs en terme de développement et de mettre en place des projets qui font la différence sur le terrain. 
 
Avec la Tablette Noir 72% Haïti, la Fédération des Coopératives Cacaoyères du Nord est la première coopérative haïtienne à exporter des fèves de cacao fermentées. Le cacao haïtien issu de cacaoyers anciens et typiques de la Caraïbe retrouve ses lettres de noblesse. Grâce à ce projet, de grands chocolatiers Français ont redécouvert cette origine.

 
 
des partenariats durables : nous nous engageons auprès de nos partenaires avec des conventions de partenariat sur des durées de 3 ans renouvelables. 
Nous sommes en relation avec la moitié de nos partenaires depuis plus de 6 ans. Notamment, notre relation avec la coopérative CEPICAFE au Pérou date de 2003. Nous avons développé ensemble 4 filières de commerce équitable (le sucre, le cacao, le café et les fruits), soit plus de 1 millions de produits commercialisés issus de leurs récoltes. 

 
 
un accompagnement par 3 agronomes sur le terrain avec le soutien d'ONG spécialisées ; et un appui à la transformation des produits par les producteurs eux-mêmes. Nous accompagnons les producteurs qu’ils réalisent, si possible, entièrement les produits, emballages inclus.
Une majeure partie de la gamme Ethiquable est entièrement ou semi-fabriqués par les coopératives partenaires : le sucre complet, les huiles, le riz, les tisanes, les chips… arrivent emballés en France. 
 
 
 

Le pilier social du développement durable

Au-delà de la fixation d’un prix minimum garanti, le commerce équitable vise bien sûr à l’amélioration des conditions de vie des producteurs par des investissements dans des hôpitaux, des écoles.

Soutenir des projets sociaux Café d’Ethiopie avec la coopérative OROMIA. Construction de quatre nouvelles écoles, de quatre centres de soins, de deux stations d'approvisionnement en eau potable.


 

Mais son impact social ne peut certainement pas se réduire à ces éléments, certes tangibles. Il va bien plus loin. 

Valoriser le rôle des femmes dans l’économie rurale : Infusion d’Equateur avec la coopérative Jambi Kiwa. Elle regroupe 400 femmes dans la région du Chimborazo, province andine et indienne, l'une des plus pauvres d’Equateur. La culture de plantes aromatiques est traditionnellement réservée aux femmes. Le projet avec Ethiquable affirme leur place et leur rôle dans la communauté.
 

Le pilier environnemental du développement durable

En valorisant des productions d’une agriculture paysanne, non standardisée, le commerce équitable préserve la biodiversité aussi bien végétale qu’animale ; si tous les produits n’ont pas le label bio, ceux provenant de paysanneries traditionnelles travaillant à la main sur environ 1 ha et ne recourant guère aux intrants chimiques le sont de fait (cas du café et du cacao issus de paysanneries agro-forestières). Au-delà de la production, le commerce équitable peut être un vecteur de réduction de l’impact carbone, dans le domaine de l’emballage et du transport.

Préserver la biodiversité cultivée : les chips de pomme de terre native avec la coopérative Agropia. La biodiversité des pommes de terre est aujourd’hui fortement menacée avec la préférence du marché pour les variétés hybrides à fort rendement. Les producteurs d'Agropia maintiennent des variétés natives.


Sauvegarder des variétés anciennes : le cacao de la coopérative FONMSEOAM. Le cacao nacional en Equateur est lui aussi menacé de disparition avec le développement du cacao hybride CCN51. Avec des rendements trois fois supérieurs à ceux du nacional, le CCN51 n’a cependant pas les saveurs du nacional. 


Soutenir des système agro-forestiers bio : nos partenaires ont des pratiques agro-écologiques traditionnelles. En savoir plus sur l'agroforesterie.



Le pilier politique à ajouter

Les petits producteurs du Sud engagés dans le commerce équitable appartiennent en principe à des coopératives ou des groupements pour lesquels les référentiels exigent un fonctionnement démocratique et transparent. Ainsi, ils peuvent sortir de leur marginalité et se faire mieux entendre des pouvoirs publics.

Obtenir la reconnaissance des gouvernements : Thé rooibos d’Afrique du Sud avec la coopérative Wupperthal. L'association Wupperthal a rejoint en 2005 l'Association Commerce et Equité qui regroupe les organisations de petits producteurs d'Afrique du Sud afin d'être mieux pris en compte par le gouvernement et les institutions.

 

Le pilier culturel à ne pas oublier également

Le commerce équitable que nous pratiquons concourt à préserver des savoir-faire et traditions agricoles. La notion de terroir que nous défendons est valable en France comme dans les pays du Sud. Au delà, nous donnons la priorité aux peuples qui, en plus d'être paysans, défendent les spécificités de leur identité et mode de vie. 

Affirmer une identité culturelle : Café de Colombie de la coopérative Fondo PaezLes indiens Paez représentent la deuxième plus grande communauté native de Colombie. Cette minorité mène une lutte pacifique pour la reconnaissance de leur culture. Le projet de commercialisation de café leur permet d'affirmer leur identité culturelle.

 

 

Réagir à cet article
CAPTCHA
Merci de répondre à cette question pour prouver que vous n'êtes pas un robot.