Base de l’alimentation des populations andines qui la cultivent depuis des siècles, le marché du quinoa explose depuis les années 1980. La FAO a proclamé 2013 « année internationale du quinoa ». L’organisation des Nations Unies ne tarit pas d’éloges sur cette « céréale de l’avenir », qui doit apporter « une contribution fondamentale dans la lutte de la communauté internationale contre la pauvreté et la faim ».
Une sacrée graine
Le quinoa est l'un des produits phare du commerce bio et équitable. Elle est considérée par les indiens comme sacrée, le symbole de la fertilité de la terre dans les rites andins. Les Incas appelaient le quinoa « chisiya mama », qui signifie en quechua « mère de tous les grains ».
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Le quinoa des Andes humides
En rotation avec d’autres cultures, fertilisé par les fumiers de l’élevage local (bovins et cochon d’inde), le quinoa d'Equateur ne déséquilibre pas la gestion de la fertilité du territoire.
Le paysage forme un patchwork de petites parcelles car en raison de la forte densité de population chaque famille ne dispose que de très peu de terre (souvent moins d’un hectare par famille).Le quinoa des Andes sèches
Avec plus de 200 jours de gelée par an et des conditions quasi désertiques, aucune autre culture que le quinoa n’est possible.
Le quinoa se développe en effet « facilement » dans un milieu aride sur des sols pauvres exposés à la sécheresse, au gel, au vent et à la forte radiation solaire due à l’altitude. Depuis quelques dizaines d'années, la Bolivie est devenu le principal pays exportateur de quinoa. Le marché se développe dans un premier temps vers les grandes villes andines (Lima, La Paz), puis les consommateurs des pays du nord découvrent le quinoa qui va peu à peu conquérir l'Amérique du Nord et l'Europe. Depuis 2005, les surfaces cultivées de quinoa ont doublé en Bolivie, elles ont plus que quadruplé en 20 ans.

Les deux tiers de la production partent à l’exportation et le volume des exportations boliviennes a été multiplié par cinq entre 2002 et 2007.
Cette demande accrue a un impact sur le prix pour les producteurs. Celui-ci a doublé en 2008 passant en quelques semaines de 1500 USD/T à 3000 USD/T. Les producteurs ont donc indéniablement connu une importante amélioration de leur niveau de vie. Dans le contexte d’un écosystème aussi fragile que celui de l’Altiplano bolivien, une telle augmentation de la production de quinoa pose aujourd’hui un problème environnemental qui n’apparaît pas avec la même ampleur dans les Andes humides d’Equateur.
Sur le terrain, les producteurs boliviens tirent la sonnette d’alarme quant au revers de ce succès : le boom de sa production menace la durabilité du système agricole et la gestion communautaire des terres de l’Altiplano bolivien. C’est pourquoi nous avons travaillé avec les producteurs de la coopérative CECAOT, sur une démarche de quinoa durable.
Le revers de la médaille : une forte pression sur l’environnement
Si le boom du quinoa permet aux cultivateurs de subsister tout en limitant l'exode rural des populations pauvres de l'Altiplano bolivien, ce n'est pas sans contrepartie. Le revers de la médaille est la pression exercée sur le milieu fragile de l’altiplano.

L’extension de la monoculture du quinoa au détriment des terres jusqu’alors dédiées au pâturage des lamas a fortement perturbé l'équilibre économique et environnemental des hauts plateaux andins.

Dans cet écosystème très fragile la diminution des troupeaux, la marginalisation de l’élevage, la mécanisation des récoltes avec le recours au tracteur ont multipliés les conséquences néfastes : une moindre résistance à la sécheresse, une carence en fumier, une érosion éolienne amplifiée, une prolifération des ravageurs et un développement des parasites.
La conséquence est aujourd’hui une baisse des rendements de quinoa sur les terres des plaines. Pour maintenir la fertilité, les producteurs sont aujourd’hui obligés d’acheter du fumier provenant de régions très éloignées. Moins visible, le succès du quinoa affecte également l’organisation sociale des communautés paysannes. L’augmentation des zones cultivées a exacerbé les conflits fonciers sur la gestion des terres collectives.
La solution : écouter les paysans

Le label Quinoa Durable
Ce cahier des charges qui tente de concilier objectifs de production élevés et pérennité des ressources naturelles, comprend des critères précis sur lesquels les producteurs s’engagent. Un audit de terrain est réalisé par le certificateur IMO Control, qui effectue déjà la certification bio et équitable de l’organisation. Ce cahier des charges « quinoa durable » vient donc s’ajouter aux certifications déjà existantes qui ne prennent pas directement en compte la spécificité d’une production soutenable de quinoa dans les conditions de l’altiplano. Pour nous, collaborer avec IMO Control, une entreprise de certification européenne, un des principaux certificateur du quinoa bio de Bolivie, répond clairement à l’objectif de constituer un référentiel « quinoa durable » qui puisse demain être adopté par d’autres acheteurs.
La mise en œuvre de telles mesures ne peut exister que si elles s’inscrivent dans une démarche de participation de la communauté et un fort contrôle social. Mais surtout, elle n’est possible que si l’acheteur propose une prime qui encourage les communautés qui acceptent de jouer le jeu. C’est pourquoi nous avons mis en place une prime de 200 dollars par tonne de quinoa, en plus des sur-prix équitables et bio. Nous pensons qu’une action de ce type est à la hauteur des enjeux. Face au boum du marché du quinoa, le commerce équitable doit certes contribuer à un meilleur revenu des producteurs, mais doit aussi être en capacité de soutenir les producteurs pour trouver une autre voie, plus durable.






