Cyrille Moulin, producteur de fruits rouges du Mont du Lyonnais
Entre Lyon et St Etienne, se trouve une zone de petites montagnes occupée essentiellement par de la polyculture et l'élevage : les Monts du Lyonnais.
Dans cette campagne jardinée où l'élevage laitier domine, la culture de fruits rouges est traditionnellement présente. On parle même de terroir d'excellence pour les petits fruits.
Cyrille Moulin y cultive notamment des groseilles, des pêches de vignes, des fraises, des framboises. Avec 3 autres producteurs réunis au sein de Terr'étic, il est à l'origine depuis 2012 des confitures de groseille, de pêches de vigne et du coulis de fruits rouges Paysans’d'ici.
De gauche à droite :
Dominique installé avec son épouse à Aveize, en production et transformation de fruits.
Cyrille paysan à Grézieu-le-marché en agriculture Biologique. Production: fruits et légumes.
Marc paysan à Saint-André-la-Côte en GAEC à 3. Production et transformation de fruits, Légumes, poules pondeuses et accueil. Ensemble, ils créent un outil collectif de commercialisation de leurs fruits en confiture et coulis : Terr'étic.
Ils produisent des fruits de saison en pleine terre, sur de petites surfaces. Récoltés manuellement en été, ils transforment les fruits mûrs dans leur atelier. La valorisation de la démarche agriculture paysanne est un fondement de leur structure.
Comment est né le partenariat avec Paysans d'ici?
Cyrille Moulin : Nous nous sommes rencontrés avec Christophe Eberhart [co-fondateur d'ETHIQUABLE] à travers le projet Fermes du Monde. Cette association, à l'initiative de producteurs Rhône-alpins, a pour but de démocratiser le commerce équitable à travers des échanges entre des producteurs africains et des agriculteurs français.
Nous avons ainsi créé avec des producteurs du Bénin, du Burkina Faso, de Madagascar et du Maroc des produits mélangeant nos productions et les leurs.
Quand nous nous sommes revus, avec deux autres producteurs, Marc et Dominique, nous avions créé un atelier pour transformer nos fruits. A ce moment-là, nous réfléchissions à monter une structure collective de commercialisation [Terr’étic] afin de cibler des débouchés que nous n'aurions pas pu envisager indépendamment les uns des autres.
Présentation de la démarche Paysans d'ici avec Christophe Eberhart d'ETHIQUABLE, Dominique, Marc et Cyrille Moulin de Terr'étic en juin 2015
Quel impact a eu la collaboration avec ETHIQUABLE sur votre activité ?
Cyrille Moulin : Nous avons pu créer Terr’étic en toute sérénité grâce à la première commande d'ETHIQUABLE de 10 000 pots. Cela représentait toute ma production de groseilles, soit deux tonnes !
Cela m'a aussi permis de sauvegarder mes plants de groseille. Ceux-ci n'étaient pas valorisés en bio mais simplement en conventionnel au sein de la coopérative dont j'étais membre. Sans confiture, je les arrachais l'année d'après. Soit 3000 m² de fruits bio qui disparaissaient.
ETHIQUABLE avance aussi le sucre [sucre de canne bio du Paraguay issu de notre filière équitable Nord/Sud] contenu dans nos confitures. Quand on sait que cela représente pas loin de 50% du produit fini, c'est un soutien financier non négligeable.
Dans un contexte agricole tendu, quels sont les moyens qui fonctionnent selon vous pour pérenniser son activité?
Cyrille Moulin : Avec l'atelier, nous avons souhaité maîtriser la transformation de nos produits et dégager de la valeur. En nous fédérant au sein de Terr’étic, nous avons aussi créé des débouchés que nous n'aurions pas pu avoir individuellement. Par ailleurs avec une tonne de fruits nous pouvons produire quasiment le double en confiture, ce qui est une manière de valoriser notre production conséquente.
On s'adapte aussi aux circuits de distribution : la vente directe en AMAP et en magasins de producteur, en supermarché avec ETHIQUABLE.
Pour les produits frais, nous vendons directement en AMAP, en magasins de producteur, en direct au consommateur. Ce type de circuit court est intéressant, à condition d'avoir un bassin de consommation dynamique proche de sa production. Ce qui n'est pas forcément toujours le cas pour tous les producteurs en France.
Respectivement 48,5% et 55% du prix payé par le consommateur revient à Terr'étic.
Avec ETHIQUABLE, nous produisons de gros volumes qui nous permettent de faire des économies d'échelle et de proposer un prix acceptable pour le consommateur en supermarché.
Sans compter que nous n'avons pas de frais de commercialisation puisque c'est ETHIQUABLE qui s'en charge.
Je crois aussi beaucoup à ces structures intermédiaires [comme ETHIQUABLE] où les producteurs retrouvent un pouvoir de décision tout en ciblant les consommateurs en supermarche. Le pourcentage des volumes consommés y reste très important.