Soutenir le développement d’un atelier de production de thé au Népal, appartenant aux petits producteurs de thé
Dans le monde du thé, il est très rare que les producteurs et productrices de thé transforment eux-mêmes les feuilles fraiches issues de leurs jardins. C’est pourtant une clé essentielle pour une meilleure rémunération. La feuille fraîche de thé est un produit très périssable. Elle perd sa valeur si elle n’est pas transformée dans les heures qui suivent la récolte.
Les petits producteurs vendant leurs feuilles fraîches ont très peu de marge de négociation avec les usines privées auxquelles ils sont contraints de livrer leurs productions.
Des producteurs avec un faible pouvoir de négociation pour leurs cultures
Au Népal, la filière thé s’est construite assez récemment, dans l’ombre de la région indienne voisine, le Darjeeling. À l’inverse du modèle colonial mis en place en Inde, la filière s’est construite autour de « bough leaf factory », de petites usines privées achetant les feuilles de thé aux producteurs de la zone.
Le gros de la production de thé orthodoxe a lieu dans la région d’Ilam, une zone rurale, pauvre, montagneuse et enclavée à l’est du pays. Le thé y représente la principale culture de rente, en complément de l’élevage et de cultures vivrières.
Plus globalement, l’origine Népal reste encore assez méconnue. Malgré un thé de plus en plus qualitatif, une grande partie est bradée, soit aux grossistes du pays, soit en Inde pour être utilisée en mélange. La filière thé Népal n’est pas valorisée sur le marché, donc incorrectement rémunérée.
À Uccha Pahadi et Tinjure, les membres de deux coopératives de petits producteurs de thé ont réussi le tour de force de construire leur propre atelier de thé pour assurer eux-mêmes la transformation et la vente de leurs feuilles, espérant ainsi améliorer leurs conditions de vie difficiles.
Le rôle du commerce équitable
Ethiquable a démarré en 2023 un partenariat avec ces deux coopératives, les accompagnant dans la certification bio et l’export direct de leur thé vers la France.
Tout récemment, un accompagnement plus spécifique a eu lieu à l’atelier d’Uccha Pahadi. Arthur Gauthier, l’agronome Ethiquable en charge de la relation avec la coopérative était en mission chez eux. Au programme :
- amélioration des process liés à la phase d'oxydation du thé noir, pour obtenir un thé avec plus de corps
- construction de claies spécifiques toujours dans l'optique d'amélioration de la qualité de la transformation des feuilles de thé
- mise en place d’essais pour les temps de roulage et d'oxydation
- amélioration de la méthode de flétrissage pour diminuer la casse des feuilles au roulage
Les nouveaux débouchés avec Ethiquable ont déjà eu un fort impact. Ils ont contribué à la hausse du prix de la feuille payée aux membres et permis de couvrir les coûts de production et faire tourner les ateliers.
Avec ces débouchés sécurisés et de meilleurs revenus, les producteurs d’Uccha Pahadi et Tinjure ont désormais les moyens à leur disposition pour envisager sereinement la suite :
- une intensification agroécologique de leurs parcelles de thé bio, via une fertilisation plus poussée en intégrant l’élevage
- l’amélioration des process de transformation et la production de nouveaux types de thé dans leur atelier, afin d’accroître encore le prix payé aux producteurs
- la diversification de leurs clients pour valoriser leurs plus beaux grades de thé
- la diversification de leurs productions en bio avec du poivre de Timut
À terme, ces deux coopératives, à travers leur succès économique, peuvent ouvrir la voie et servir de modèles à d’autres coopératives de thé au Népal !