Les coopératives construisent un monde meilleur. C'est avec ce slogan qu'a démarré l'année 2025, proclamée année internationale des coopératives par l’Assemblée générale des Nations Unies. L'occasion d'aller vérifier cet adage au sein des SCOP et SCIC croisées tout au long de notre aventure coopérative au sein de notre Scop.
Aujourd'hui, nous rendons visite à Marion Graeffly, co-fondatrice de l'opérateur téléphonique Telecoop. Cette SCIC a su trouver la bonne longueur d'ondes pour conjuguer qualité de service et innovation sociale.
Comment as-tu entendu parler pour la première fois des sociétés coopératives ?
La première fois que j’ai croisé la route d’une coopérative, c’était chez moi en Alsace. Jusqu’en 2015, date de leur fermeture, les magasins Coop maillaient tout le territoire. Et avec ma grand-mère, c’est là-bas qu’on allait faire les courses. “Viens Marion, on va à la coopé !”. A ce moment-là, le mot de coopérative ne m’évoquait pas encore grand-chose. Et pourtant, il faisait déjà partie de mon quotidien.
Love at first sight ? Ou cela t’a-t-il demandé du temps pour choisir de créer une entreprise en coopérative ?
Après 7 ans dans l’économie conventionnelle et plus particulièrement dans une multinationale, j’ai eu un besoin fort de bifurquer et de rejoindre l’économie sociale et solidaire. Cependant, à ce moment de ma vie, je ne connaissais pas encore bien les coopératives et leur fonctionnement si singulier. J’ai croisé la route d’Enercoop en 2017 et j’ai tout de suite adhéré pleinement aux principes défendus, à la gouvernance et à la confiance que ce modèle témoigne aux salariés.
Enercoop a été un laboratoire pour la création de TeleCoop d’autant plus que Pierre Paquot, avec qui j’ai co-fondé la coop, y a travaillé quelques temps avant de se lancer dans l’aventure de l’opérateur télécom au service de l’intérêt général !
Qu’est-ce qui a été le plus important pour toi quand tu as décidé de créer ta structure en SCIC ?
Le plus important pour moi était de faire le choix d’un modèle qui défende quoi qu’il arrive la transition écologique, la transition sociale et la gouvernance démocratique. Et c’est possible avec le statut de SCIC. On défend l’intérêt général, nos sociétaires le savent en nous rejoignant et nous soutiennent en défendant avec nous le principe de lucrativité limitée de nos activités. C’est fondamental dans une économie largement pervertie par le fait que les entreprises cherchent à maximiser les profits distribués aux actionnaires.
Une situation particulière où le statut d’entreprise coopérative a fait la différence ?
Lorsque nous développons de nouvelles offres, nous le faisons en interrogeant nos sociétaires et nos abonnés qui votent pour définir quelles offres vont à la fois leur être utiles mais aussi utiles, à l’intérêt général. C’est une chance fantastique de pouvoir compter sur cette gouvernance pour développer des chantiers aussi importants pour la coopérative.
Dans votre secteur, on réagit comment au fait que vous soyez une entreprise coopérative ?
Globalement, les retours sont souvent très positifs. Une fois passées les questions habituelles sur les prétendues difficultés de gouvernance que nous pourrions avoir, mes interlocuteurs sont souvent bluffés par ce que nous parvenons à faire et aux positions que nous défendons.
Une ou deux réactions qui t’ont marqué quand tu as expliqué que tu travaillais dans une SCIC autour de toi
C’est quoi une coopérative ?
ou l’éternel, ça doit être impossible de vous mettre d’accord, ce n'est pas une bonne chose de prendre toutes les décisions ensemble…
Ce que ces répliques démontrent c’est que le système des coopératives est très peu connu et que surtout on véhicule beaucoup d’idées fausses à leur sujet.
As-tu déjà conseillé, accompagné des personnes dans la création ou le passage en SCOP/SCIC ? Qu’est-ce qui a été important ?
Oui ça m’est souvent arrivé. Ce qui a finalement convaincu les personnes de faire le choix du statut de SCIC, c’est la protection de l’objectif social et environnemental de l’entreprise.
Une autre SCOP / SCIC dont le parcours t’a marqué ?
Ethiquable, bien sûr. Je suis très impressionnée par le parcours de la SCOP notamment parce qu’il s’agit d’une aventure industrielle.
D’autres coopératives m’impressionnent beaucoup, notamment de part l’ambition poursuivie, comme Windcoop par exemple. Je trouve cela particulièrement motivant que les coopératives s’emparent de tous les marchés existants, c’est fondamental pour réinjecter de la démocratie en entreprise.
Une structure que tu verrais bien en SCOP ? Pourquoi ?
Il y en a de plus en plus mais j’aimerais beaucoup que de plus en plus de médias se créent en SCOP ou en SCIC. Et que des médias existants fassent le choix de cette forme d’entreprise. A la fois pour préserver la liberté de la presse mais aussi pour permettre l’implication des journalistes dans les choix stratégiques de la structure.
La plus grosse idée fausse sur les SCOP que tu as pu entendre ?
C’est compliqué de prendre des décisions dans une coopérative non ?
Si toutes les entreprises étaient en SCOP/ SCIC, ça serait une très bonne chose pour nos démocraties et pour le partage de la valeur.