Y a-t-il une vie en dehors des grandes villes ? C’est ce que défend Nicolas Hazard l’auteur de « Le bonheur est dans le village » qui vient de sortir aux éditions Flammarion. Pourquoi l’innovation, les projets vertueux devraient être l’apanage des lieux de concentration des populations comme des centres de décisions ? En trente portraits exemples de tous horizons de toutes tailles il offre justement une autre vision de nos campagnes. Car oui le bonheur peut aussi être dans le pré ou pas très loin. Dans le Gers par exemple !
Pourquoi avoir écrit ce livre et choisit cette thématique ?
C’est un sujet qui plait beaucoup mais dont on parle peu finalement. Ce livre est né du confinement et de la crise qui nous touche. J’avais été frappé par le nombre de personnes qui avaient décidé de quitter les grandes métropoles au moment du confinement. Elles ont décidé à cet instant d’aller là où elles avaient vraiment envie d’être. Par ailleurs les chiffres étaient contradictoires. 80% des Français déclaraient considérer le fait de vivre à la campagne comme le mode de vie idéal mais 80% vivent pourtant dans les grandes villes !
Pourquoi ? J’ai pris conscience du manque de connaissance de ce qui se passait vraiment sur les territoires. Ma volonté est donc de partager la force d’innovation la dynamique économique qui peut aussi émaner des territoires dits ruraux.
Un mouvement qui permet par exemple de :
• redynamiser et revitaliser des villages
• repenser les mobilités
• repenser le système de la santé
Et montrer in fine que chacun peut être moteur de changement !
Ce livre est comme un manuel pour celles et ceux qui veulent entreprendre des choses quelle que soit leur catégorie socio professionnelle leur âge ou leur parcours. Les trente exemples sont très différents et touchent des profils variés.
Quels sont les premiers retours de lecteurs ?
J’ai été frappé par le nombre de personnes qui ont déjà réagi et m’ont fait part de projets allant dans ce sens autour d’eux. Beaucoup ont des exemples d’initiatives vertueuses, là, sur leurs territoires. Cela montre bien que les choses sont en train de changer. Elles sont malheureusement encore peu relayées par les médias.
Un ou deux projets qui vont ont marqué plus particulièrement ?
Ethiquable était pour moi une évidence. J’ai créé le fond d’investissement INCO Ventures qui est né pour soutenir des entreprises différentes avec un impact social et environnemental fort. Ethiquable a été le premier projet d’investissement d’INCO en France. J’ai donc un attachement tout particulier pour votre initiative.
Elle montre que dans le Gers à Fleurance on peut mettre en place une autre manière de faire du commerce et créer aussi une dynamique dans des territoires ruraux.
Christophe Eberhart, co-fondateur d'Ethiquable et Nicolas Hazard le 12 mars 2021
sur le plateau de l'émission B-Smart étaient appeler à témoigner sur
les dynamiques de développement en région, notamment à travers le commerce équitable origine France
Une mention également pour le projet des habitants de Luc-sur-Aude en Occitanie. Cette commune de 200 habitants a décidé d’être autonome en énergie. Les citoyens se sont fédérés autour de ce projet en co-investissant dans la mise en place de panneaux solaires. Aujourd’hui non seulement cela fonctionne mais la production d’énergie induite a permis de générer une source de revenu. Leur investissement leur rapporte 5 à 7% par an. Mieux que le livret A !
Aujourd’hui il y a un vrai potentiel d’innovation. Pour la région parisienne par exemple, si les 70% de personnes déclarant vouloir quitter la capitale passent à l’acte ce sont potentiellement 7 millions de personnes qui pourraient s’installer dans les territoires ruraux. Bien sûr tout le monde ne le fera pas, mais potentiellement cela représente beaucoup de personnes.
Pendant la crise on a souligné le fait que cette opportunité de travailler à la campagne était plus accessible aux cadres qu’aux personnes ayant un travail qui n’est pas compatible avec un bureau « mobile ». Quel est votre regard sur ce sujet ?
Je pense que c’est tout à fait possible. Deux exemples pour illustrer mon propos :
Celui d’Aurélie esthéticienne en centre-ville. Elle a décidé de vivre son métier différemment. Elle l’a ré-inventé en créant une activité de service à domicile. Elle a changé son modèle pour aller à la rencontre des personnes âgées en milieu rural
J’ai vu également des personnes travaillant dans des usines parisiennes créer leur propre succursale et s’installer par exemple dans le Morvan. Bien entendu une usine ne va pas aller s’installer là où on veut mais pour autant on peut adapter une partie de son activité à ce contexte de ruralité.
Quels sont pour vous les secteurs les plus dynamiques ou ceux qui sont investis par cette dynamique ?
Il y a trois domaines qui émergent plus particulièrement :
• La santé : comment recréer un système de santé efficace réparti sur l’ensemble du territoire ? Comment bénéficier d’un système de soin de qualité sans devoir faire une heure de route pour rejoindre un hôpital ? Partout en France les initiatives se multiplient pour répondre à ces questions.
• L’énergie : pour faire face au réchauffement climatique il faut être en mesure de proposer des alternatives. Ça n’est pas en ville que l’on va pouvoir produire majoritairement cette énergie. Et dans ce domaine il y a des projets extraordinaires qui se créent. Comment par exemple avec les agriculteurs des Fermes de Figeac. Ils ont équipé les toits de centaines d’exploitation avec des panneaux solaires et investi dans une usine de méthanisation. A la clé des revenus supplémentaires pour les agriculteurs
• Et enfin l’alimentaire : AMAP économie circulaire projets autour du zéro déchet comme le « drive tout nu » qui prépare vos courses avec des produits sans emballage…les plus belles initiatives dans le domaine de l’alimentation de demain et de l’économie circulaire sont souvent très locales.
Et vous ? Avez-vous trouvé le bonheur dans un village ?
Pour mon métier je suis amené à me déplacer très régulièrement. Nous avons monté un bureau dans les Pyrénées à Saint-Bertrand-de-Comminges. C’est là que notre activité d’incubateur de projets liés à la ruralité officie. Nous avons également repris une ferme et ouvert un tiers lieu. C’est important pour nous d’expérimenter cela dans notre quotidien même dans un métier de conseil et de financement.
Quelques pistes conseils pour celles et ceux qui souhaitent sauter le pas ?
Oser bien entendu mais pas n’importe comment. L’idée romancée du coup de tête est à éviter. Il faut bien étudier le projet. Bien sûr tout n’est pas rose. Attention à ne pas sentimentaliser les choses. Il faut se donner du temps pour que ça murisse. Chacun va à son rythme. Plus on aura d’initiatives mises en place plus la dynamique sera forte et exponentielle.
Chacun pourra s’inspirer et s’enrichir de ces histoires pour faire avancer son propre projet. Cela deviendra de plus en plus facile. Il y a sûrement de grandes décisions qui vont se prendre, plutôt d’ici quelques mois après l’apaisement de la situation. Quand la crise sanitaire sera derrière nous.
Nous vous proposons de vous adresser un exemplaire du livre de Nicolas Hazard accompagné de trois produits origine France équitables et bio issues de nos partenariats avec les producteurs français (une crème de marron d'Ardèche, un pot de purée de fruits des Monts du Lyonnais et des infusions du Puy de Dôme) . Pour savourer la découverte de ces trente portraits inspirants pour alimenter le monde de demain.
Inscrivez-vous avant le 18 avril 2022 ici.
5 duos seront attribués par tirage au sort parmi les personnes inscrites
