ETHIQUABLE est reconnu pour monter des projets exigeants de commerce équitable avec des organisations paysannes bio d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie, et en France, depuis 2011, avec PAYSANS D'ICI.
Depuis 2003, notre travail de proximité avec les coopératives a forgé notre expertise des enjeux de l'agriculture paysanne et du commerce équitable.
Nous ciblons exclusivement des coopératives de producteurs pour lesquels notre commerce équitable peut être un levier de développement. Notre volonté est de générer un impact durable, tout en respectant l'indépendance des organisations paysannes.
Cette approche nous permet de défricher de nouveaux terrains, parfois réputés comme difficiles, comme en Haïti ou à Madagascar. Car, c'est bien là que le commerce équitable se doit de faire la différence.
Le commerce équitable que nous pratiquons, repose sur des prix équitables définis non pas par charité mais avec chaque coopérative de producteurs selon ses coûts de production et la qualité de ses produits.
Notre approche du commerce équitable ne peut résumer à ce seul prix juste.
Elle repose aussi sur des données moins quantifiables, comme l'émergence de leader paysan, la préservation de variété ancienne, la modification des rapports de force sur le marché...
Créer des filières de commerce équitable cohérente avec des coopératives indépendantes
Nous donnons la priorité aux peuples qui, en plus d'être paysans, défendent les spécificités de leur terroir, culture, identité et mode de vie.
Nous partons du principe que les organisations de petits producteurs sont les plus à même de trouver des solutions adaptées et efficaces pour vivre de leur métier, améliorer la qualité des produits, respecter l'environnement, pérenniser leurs savoir-faire et acquérir un véritable statut.
Nous créons des partenariats durables et directs avec les organisations de producteurs. Ils reposent sur un versant commercial selon les critères du commerce équitable et s'accommpagne d'un appui sur le terrain avec une équipe de 8 agronomes.
Les 8 agronomes d'ETHIQUABLE sont en permanence sur le terrain pour appuyer les coopératives. Nous avons un bureau à Quito en Équateur et à Tamatave à Madagascar.
Ils travaillent souvent en partenariat avec des structures d’appui à l’agriculture paysanne tel que l’ONG Agronomes et Vétérinaires sans Frontières ou des ONG locales comme Inades Formation.
Ils ont par exemple accompagné le passage à la certification bio en Côte d’Ivoire, facilité l’accès au crédit pour la collecte de cacao à Madagascar et favorisé les échanges sur les bio-fertilisants entre les coopératives.
Pour mener à bien cet accompagnement, ETHIQUABLE a mis en place sa propre méthode de travail. Avant de conclure un partenariat, nous réalisons au préalable un diagnostic auprès des coopératives. Nous sommes alors amenés à intervenir sur différents points : mise en place d'actions de formation, investissements/montages financiers et appuis techniques.
Comment choississons-nous les coopératives ?
Chaque histoire est différente.
Le travail d'ETHIQUABLE avec les organisations paysannes est bien identifié et reconnu auprès des ONG qui appuient les communautés rurales avec de l'assistance technique, de la formation ou des montages de projets en lien avec de grands bailleurs de fonds. Souvent, ces ONG nous sollicitent pour trouver des débouchés à des organisations paysannes qu'elles accompagnent. Nous sommes en contact lors de nos missions de terrain avec des associations comme Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières, le Rongead ou Inades-Formation... En plus des contacts que nous compilons à partir de notre expérience, les chargés de programmes de ces ONG sont une bonne source d'informations pour vérifier que nos "critères" d'engagement seront remplis.
Mais le plus souvent, nous identifions nous-même les coopératives. Un exemple avec la COOPAKE, expliqué par Adrien Brondel, agronome en charge de l'Afrique chez ETHIQUABLE.
Présentation du projet d'ETHIQUABLE aux producteurs membres de la COOPAKE
par Adrien Brondel, en décembre 2016
Nous ciblons des territoires pour lesquels notre commerce équitable est un vecteur de développement.
Le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé de 17 millions d’habitants, essentiellement agricole et sans réelles ressources naturelles. Entre 80 et 85 % des Burkinabés vivent de l'agriculture et de l'élevage. Les faibles rendements les rendent très vulnérables aux aléas climatiques. La dépendance aux marchés mondiaux les exposent fortement à la variabilité des prix sur le marché mondial.
La «patrie des hommes intègres» se range 183e sur 187 au classement de l’Indice de développement humain. Le pays qui reste extrêmement pauvre, participe faiblement aux chaînes de valeur mondiales. Les principaux obstacles sont l’accès aux infrastructures et l’accès et la fiabilité de l’énergie.
En général, quand nous identifions un besoin de matière première, nous cherchons à le conjuguer avec d'autres matières premières pour diversifier les débouchés pour la coopérative.
Acheter un seul produit à une coopérative peut effectivement générer une dépendance, avoir peu d'impact si les volumes sont faibles, et surtout pousser vers un modèle agricole peu diversifié, ce qui n'est pas notre objectif.
Sur ce projet, un schéma s'est rapidement dessiné autour de la cajou et du sésame. Ces deux cultures sont en effet bien diffusées dans la bande sahélienne. Surtout le sésame est une plante de plein champ qui s'intègre bien avec des arbres cultivés comme l'anacardier (qui produit les noix de cajou) ou le karité. La feuille de route est donc de trouver des cajous pour nos produits apéritifs et du sésame pour créer potentiellement une huile de sésame.
Association sésame et anacardier sur la parcelle d'un membre de la COOPAKE en 2017 et fruit de l'anacardier, la future noix de cajou
La COOPAKE nous a séduit par son histoire assez rare avec plus de 55 ans d'existence. C'est l'une des premières coopératives créées au Burkina, avec à l'origine 9 producteurs de mangue. Elle compte aujourd'hui 150 producteurs de cajou et de mangues et 80 femmes productrices d'hibiscus.
La COOPAKE nous a surtout impressionné par sa forte vision du développement des communautés, une vision que nous partageons.
Ces producteurs ont toujours cherché - souvent sans appui - à trouver des solutions pour valoriser leurs récoltes. Et ce, malgré les difficultés logistiques, de stockage, de transport et le contrôle du milieu rural par l'Etat qui, à une époque, limitait le degré d’initiative de la coopérative.
Un exemple parmi d'autres. A ses débuts, l’activité de la coopérative se limitait au groupage et à la vente des mangues fraîches. Mais une grande partie du stock de mangues pourrissait car la COOPAKE ne trouvait pas d’acheteurs immédiatement après la récolte. En 1995, les producteurs se lancent donc dans la production de mangues séchées - une vraie innovation pour cette communauté et dans le pays. L'atelier de séchage emploie aujourd'hui 80 femmes pendant cinq mois de l'année. Ce succès est aussi lié à la stratégie de la coopérative de passer en bio au début des années 2000.
Parcelle d'un producteur de mangue et atelier de séchage
des mangues de la COOPAKE, juin 2016
Lorsque nous nous rencontrons, ces producteurs font face à plusieurs problématiques. Faute de clients, la COOPAKE a arrêté la certification équitable en 2012 et 2013 (car trop coûteuse). Seuls 100 producteurs de cajou sont certifiés bio sur les 150. La COOPAKE a fait un emprunt pour construire une unité de décorticage de cajou. L'atelier sera finalisé à la fin-2016. Mais, là, à nouveau, aucun acheteur de cajou décortiqué n'est identifié.
Sur ces trois points, nous pouvons apporter des réponses à la COOPAKE en faisant progresser la conversion en bio et en rentabilisant le certificat commerce équitable et le futur atelier de décorticage.
A partir de ces constats et bien d'autres, nous avons signé un contrat pour une durée de trois ans minimum, renouvelable, avec un préfinancement à hauteur de 40 %.
Comment définir un prix équitable ?
Nous avons une méthodologie d'enquête et de calcul.
La première étape consiste à aller dans les parcelles, interroger des producteurs.
Nous cherchons d'abord à établir l'itinéraire technique, c'est-à-dire toutes les étapes entre la préparation du sol jusqu'à la récolte. Nous relevons les surfaces cultivées par producteur et leur rendement. Nous enregistrons pour chaque étape les coûts.
Un exemple avec le sésame : combien de jour de travail pour le labour, au besoin le coût de location des ânes et d'une charrue, le nombre d'hommes/jour de travail pour le semis, le désherbage, le battage, le séchage et le transport.
Nous estimons ensuite le coût d'un travail décent en tenant compte des salaires pratiqués dans la zone (par exemple le salaire attendu pour un travail non-qualifié en ville) et en intégrant les "SMIC" nationaux lorsqu'ils existent.
Nous obtenons un prix au producteur (prix bord champs) auquel nous ajoutons les coûts pris en charges par la coopérative jusqu'à l'export (prix FOB) : opérations de transformation (vannage dans le cas du sésame), les pourcentages de pertes, le conditionnement, la certification BIO
La deuxième étape consiste à confronter ce calcul de coût de revient empirique aux prix pratiqués dans l'économie "classique" et en commerce équitable.
Nous relevons par enquête les prix du marché local pratiqués par les collecteurs et intermédiaires. Si la matière première est produite dans d'autres pays, nous examinons aussi les cours mondiaux. Pour les prix équitables, nous consultons les prix minimaux établis par les référentiels de commerce équitable comme Symbole des Producteurs Paysans, ECOCERT
La dernière étape est de demander à la coopérative sa propre cotation.
Le travail que nous effectuons n'est pas en concurrence avec les prix proposés par la coopérative. Souvent, il apporte un éclairage précis de la décomposition du coût à l'organisation. Sur le sésame au Burkina Faso, nous sommes arrivés à 1300 $ la tonne (hors prime du commerce équitable) contre les 1 000 $ la tonne du marché, à l'époque.
Pour la cajou, nous avons procédé autrement car la flambée des cours atteint chaque année des records depuis trois ans. Les cours mondiaux s'établissent très au-dessus des prix minimums des référentiels de commerce équitable. La COOPAKE nous a proposé son prix et nous nous sommes assurés que le prix payé producteurs couvrait effectivement les frais courants et un niveau de vie décent et que ce prix se situait à un niveau supérieur aux prix pratiqués par les collecteurs en brousse.
Tri du sésame à la COOPAKE, novembre 2017