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Inauguration de l'usine de chips de la coopérative Agropia au Pérou

Publié le 17 novembre 2016 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2020

"Cette usine est un rêve." Le 15 juillet dernier, Lissete Condor Castillo, représentant d'AGROPIA coopérative agricole de Huancavelica, était particulièrement fier. Ce jour-là, AGROPIA inaugurait son usine de transformation de pommes de terre natives en chips. 

Cette installation à plus de 3 000 mètres d'altitude dans la région la plus pauvre du Pérou vient couronner un travail qui a commencé en 2009 et qui bénéficie actuellement à plus de 100 petits producteurs de 17 communautés rurales différentes .

Et, c'est avec beaucoup d'honneur que Nicolas Eberhart, agronome d'ETHIQUABLE, basé à Quito en Equateur, a accepté d'être le parrain symbolique de l'usine.  


Petit voyage de la coupelle d'apéro au Pérou avec les producteurs

 

Chronique d'un commerce équitable de terrain 

L’expérience de ce projet de chips de pommes de terre de couleur est une de ces aventures que le commerce équitable peut aujourd’hui produire.
Une aventure humaine qui conduit une communauté paysanne désavantagée et marginalisée à mener une action à laquelle elle n’est pas prédestinée. Une aventure qui permet de valoriser le produit d’un territoire et de redonner la fierté à des communautés.

Lorsqu’en 2008, Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) et son partenaire local CEDINCO nous ont proposé de valoriser sous forme de chips les variétés anciennes de pommes de terre de couleur dans la région de Huancavelica, nous nous sommes tournés vers une entreprise de Lima qui avait le savoir-faire technique. Les producteurs livraient les pommes de terre à cette usine.

Il paraissait tout à fait impossible à nos yeux à ce moment-là que l’organisation de producteurs nouvellement créée puisse fabriquer les chips. AGROPIA était alors un groupe de paysans des communautés d’altitude de Pazos, sans expérience de gestion ou technique de transformation agroalimentaire.

L'objectif de produire des papas de couleur sous les conditions de l’agriculture biologique était alors le véritable défi.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Même si les communautés paysannes de Pazos semblent être situées au bout du monde dans des endroits difficiles d’accès, les producteurs y cultivent des pommes de terre de manière intensive avec des intrants chimiques depuis de nombreuses décennies. Multiplier les variétés anciennes, récupérer les sols et retrouver les techniques pour produire les pommes de terres sans produits chimiques constituaient un projet ambitieux qui allait mobiliser toute l’énergie de l’organisation paysanne.

Il fallait donc créer une alliance avec une entreprise péruvienne. Les producteurs étaient chargés de livrer les pommes de terre selon un programme défini. L’usine réalisait la friture et l’ensachage pour obtenir le produit fini, tel que vendu dans les magasins en France.

L’objectif d’Ethiquable est toujours de favoriser l’autonomie et la prise en charge de l’activité par les producteurs eux-mêmes. Nous avons proposé que l’entreprise intervienne comme «  prestataire de service », l’exportation du produit fini vers la France étant réalisé par la coopérative AGROPIA. La gestion de ces activités n’a été possible que grâce à l’appui de Yanet Garay, l’ingénieur en agro-alimentaire de l’ONG CEDINCO qui a décidé de s’impliquer corps et âme dans ce projet et qui est devenue la gérante de la jeune coopérative.

Le projet a ainsi pris son envol en 2008 avec au départ un premier container, puis un deuxième, pour arriver aujourd’hui à un rythme d’embarquement d’un container toutes les trois semaines.

Novembre 2015 : L'équipe technique de l'usine d'AGROPIA (Yanet Garay est toute à droite) avec Nicolas Eberhart et Rémi Roux d'ETHIQUABLE

Le défi pour les petits producteurs de pommes de terre est maintenant de jouer pleinement leur rôle d’administrateur, c’est-à-dire d’orienter et d’encadrer cette équipe de professionnels.L’usine située en banlieue de Huancayo est constitué d’un bâtiment de 1500 m2 conçu selon les normes agro-alimentaires. Les équipements de coupe, de cuisson et de friture sont importés d’Argentine pour certains ou fabriqués au Pérou. Tous les appareils sont en acier inoxydable et sont parfaitement adaptés aux processus agroalimentaires. Une ensacheuse associative de dernière génération permettra de produire des sachets de chips avec des films fabriqués et imprimés au Pérou. L’équipe technique a mis au point un système strict de gestion de la qualité qui permet d’obtenir un produit aux normes actuelles.
 

dates clefs

2008 : 65 producteurs créent agropia, un pari soutenu par l'ong avsf

L'ONG Agronomes et Vétérinaire Sans Frontières intervient dans la région Huancavelica. Elle définit un programme pour renforcer l'économie locale des communautés paysannes, avec un axe sur les pommes de terre natives dans les communautés du district de Pazos. Le pari est osé : les pommes de terre natives ont déserté depuis longtemps les assiettes péruviennes au profit du riz d'importation. 

65 producteurs aux conditions de vie extrêmes (88 % de pauvreté dans la région) et confrontés à différentes difficultés (rendements en baisse, présence de parasites et de maladies, manque d’engrais organiques, débouché unique sur un marché local, prix bas) créént la coopérative AGROPIA avec l'appui d'AVSF.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

2009 : les chips d'agropia arrivent en France

AGROPIA obtient la certification Commerce Equitable d'Ecocert.

La coopérative AGROPIA est la première organisation de producteurs de cette région d’altitude à gérer directement la commercialisation de ses produits. Elle fait transformer les pommes en chips dans une usine de Lima.

Ethiquable importe les premiers sachets de chips de pomme de terre directement à AGROPIA. Le prix équitable est fixé à 2,8 sol/kg au producteur (contre 1 sol/kg sur le marché local). Le président de la coopérative nous écrit :

2011 : plus de revenu pour les producteurs

4 000 soles supplémentaires par an par producteur, c'est environ 30% en moyenne pour une famille.

2012 : passage en bio sur un terrain difficile

AGROPIA obtient la certification bio bien que la zone de Pazos soit fortement touchée par un ravageur, sorte de doryphore, dont le cycle se cale sur le cycle de production de la pomme de terre. Son éviction sans recours à la chimie appelle un travail important de la part des producteurs entre techniques traditionnelles et inventivité.  

2013 : 

AGROPIA achète le terrain pour la future usine sur la commune de Huancayo.

En alliance avec le centre de recherche agronomique INIA, AGROPIA met en place une pépinière de semences bio développées in vitro à partir de leur variété locale, afin d’obtenir de la semence sans contamination virale. 

2014 : AGROPIA vend ses chips au pérou

145 tonnes de pommes de terres sont collectées. Seules 54 tonnes sont destinées aux chips pour ETHIQUABLE. Et pour cause : AGROPIA vend désormais ses chips au Pérou.

2015

Les rendements bio sont maintenant proches des rendements sous production chimique pratiquée avant la mise en place du programme bio. Les familles gagnent en revenus car l’achat des intrants chimiques est remplacé par un surplus de travail valorisé avec le prix bio.

2016

AGROPIA construit sa propre usine avec le soutien financier d'Ethiquable avec un investissement de 50 000 $, d'institutions gouvernementales, de l'Union européenne, de Rabobank et des ONG : AVSF et son partenaire péruvien CEDINCO.


 

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