SOPACDI - Commerce équitable en RD Congo - Café

Reconstruire une filière café au Kivu

Partenaire depuis 2013

Projet appuyé par COOPAC (ONG Rwandaise) et Alterfin (micro-finance).
ETHIQUABLE soutient la SOPACDI avec 3 autres entreprises engagées, spécialistes du commerce équitable : Twin en Angleterre, Oxfam en Belgique, Equal Exchange aux Etats-Unis.

Producteurs

Créée en 2008 par quelques producteurs
12 500 caféiculteurs
Les femmes y jouent un rôle important

Sur le terrain

Ce projet est suivi par Guillaume Sérillon, agronome ETHIQUABLE, basé à Paris, en charge du suivi des organisations paysannes en Afrique de l'Est, en Tunisie, en France et au Brésil.

Les produits

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La SOPACDI est située au Kivu, une région au Nord Est de la République Démocratique du Congo. L’insécurité, la crise économique, les déplacements de populations suite au génocide du Rwanda et la guerre civile en RDC de ces 20 dernières années ont conduit à une quasi disparition de la filière café.

La plupart du café du Kivu est produit par des petits producteurs qui sont sous équipés et qui n’ont pas d’accès au marché. Parce qu'ils partagent une détermination unique dans une zone de guerre civile intense, les producteurs de la SOPACDI font revivre le fameux café du bord du lac Kivu, un cru pour les amateurs de grands terroirs.

Reportage TV5 monde sur le café équitable au Kivu avec quelques images de la SOPACDI

Reconstruire l’économie rurale malgré les conflits

Suite au génocide Rwandais de 1994, une partie de la population a fui le Rwanda pour se réfugier dans la région frontalière du pays voisin : le Kivu en RDC. L’instabilité de la zone est du en partie à ces déplacements de populations qui tentent de vivre désormais ensemble sur un territoire limité avec une forte pression démographique.

Le Kivu est un territoire très convoité par les pays limitrophes et par les multinationales puisqu'un grand nombre de mines de diamants, d’or et de métaux rares y sont extraits souvent illégalement.

Le conflit a généré une insécurité et des pillages avec un impact fort sur l'économie locale et la sécurité alimentaire des habitants.

Le conflit a notamment provoqué une déstructuration des filières de commercialisation du café avec une perte de l'accès au marché. Le café n'étant plus collecté, les producteurs ont été contraints de vendre leur café en contrebande au péril de leur vie. Progressivement, la qualité du café et donc la rémunération des producteurs a chuté. Le projet de la SOPACDI consiste à reconstruire une économie rurale portée par la filière café qui s'insère dans une petite agriculture diversifiée. Le café constitue en effet une culture de rente essentielle pour l’économie du Congo et en particulier du Kivu.

La renaissance d’un grand terroir

Le café du Kivu a une qualité intrinsèque remarquable. Entre 1450 à 2000 mètres d'altitude, les hautes terres volcaniques à l’Est de la RD Congo accueillent un terroir de café jadis renommé pour ses arômes généreux et floraux. Il se place dans la catégorie des grands arabicas africains. Toutes les conditions y sont réunies : terre, climat, altitude, géographie et topographie (collines d’altitude). La zone de production est située aux abords de la forêt équatoriale : les caféiers arabica du Kivu sont particulièrement bien arrosés.

Pourtant cette qualité intrinsèque n’est pas valorisée dans les filières actuelles puisque le café n’est pas transformé de façon adéquate par les paysans, étape pourtant importante pour atteindre les marchés exigeants des maîtres torréfacteurs. La majorité du café du Kivu, simplement séché au soleil par les paysans, sans phase préalable de lavage et fermentation, est destiné au marché de masse.

L’origine Kivu disparaît donc totalement du marché et son prix de vente est déprécié.

Au cours des deux dernières décennies la filière café du Kivu était donc totalement à l’abandon. Les sols se sont épuisés. Les producteurs n’ont bénéficié d’aucune assistance technique, d’aucune recherche agricole ou autre accompagnement de l’Etat. Même les nombreuses ONG qui interviennent au Kivu se sont très rarement intéressées au café et au secteur agricole en général.

Isolés, les caféiculteurs du Kivu ont dû valoriser leur café au péril de leur vie.

Les conditions économiques difficiles et les prix très bas du café ont forcé de nombreux Congolais à passer leur café en contrebande, bien souvent en traversant le lac Kivu pour le troquer dans le pays voisin le Rwanda contre des animaux et des biens de première nécessité. Ce fut longtemps le seul moyen de valoriser les petites quantités de café face aux prix très bas pratiqués par les intermédiaires locaux.

Passer son café en contrebande est une activité très dangereuse. De nombreux producteurs ont perdu leur vie en essayant d’accéder à un marché pour un meilleur prix. Le manque d’activités économiques et de revenus a poussé les Congolais dans une profonde crise qui a de violentes répercussions.

Réapprendre à vivre ensemble

Le Nord Kivu est le lieu d'affrontements massifs et violents entre groupes de paysans d'origines socio-ethniques différentes. Ces violences ont fait des dizaines de milliers de morts civils et des centaines de milliers de personnes déplacées. Ces massacres sont le résultat d'un processus historique d'escalade conflictuelle attisée par plusieurs facteurs, dont les déséquilibres démographiques et ethniques résultant des migrations de cette zone frontalière avec le Rwanda et le Burundi.

L’idée de la SOPACDI c’est aussi de démontrer que l’union fait la force quelque soit l’origine ethnique

Dans ce contexte de conflit inter-ethnique quotidien, il parait inimaginable de réunir 3 800 producteurs d’origine et de langues différentes (kirundi, kinyarwanda ou Kihavu) autour d’un même projet et d'une même vision : améliorer la vie de leurs familles et de leurs communautés à travers le café et aller de l'avant. C'est pourtant le défi d’hommes et de femmes de la SOPACDI.

Promouvoir les femmes

Les femmes sont les premières victimes des conflits : beaucoup d’hommes sont morts pendant le conflit ou partis en raison de la situation d’insécurité qui régnait dans la région, le viol comme arme de guerre a été régulièrement dénoncé. Aussi les femmes et les enfants sont restés souvent sans ressources... et sans caféiculteurs expérimentés. Les veuves ont dû reprendre malgré tout les exploitations de caféiers. C’est pourquoi 20% des producteurs de la SOPACDI sont des femmes.

Une prime de 10 USD/quintal (45,36 kg) de café vert revient aux femmes pour financer des projets communautaires propres à leurs activités comme des petites échoppes en brousse ou des moulins à grains pour faire la farine de maïs ou manioc.

Les femmes sont désormais plus engagées dans l’économie locale et régionale.

Comme dans beaucoup de pays africains, les femmes en milieu rural jouent un rôle important dans le secteur agricole en RDC. Cependant, bien souvent ce sont les hommes qui sont propriétaires. Aussi les femmes restent dépendantes économiquement et ont un accès limité au crédit. La Sopacdi cherche à installer l’égalité du genre dans toutes les activités. Au sein de la coopérative, les femmes occupent la même place que les hommes (à l’AG, comité,...).

Maintenir des jardins agro-forestiers

La caféiculture au Kivu n’est pas une monoculture, mais le fruit d’un jardin agro-forestier qui allie caféiers à une grande diversité d’autres productions. De nombreuses cultures alimentaires se trouvent à l’ombre des caféiers comme l’igname ou juste à côté comme les bananes plantains, le manioc, le haricot, le maïs, etc.

Enfin, les nombreuses essences forestières produisent fruits et bois dont les usages sont multiples. Au Kivu, le système de production paysan est toujours complexe, diversifié et adapté à chaque écosystème. Il permet au paysan et sa famille de limiter les risques en diversifiant au maximum la production pour assurer à la fois de la production alimentaire (tubercules, pois, banane, etc.) mais aussi quelques revenus monétaires, grâce à la vente de produits tels que le café ou certains fruits.

Soutenir la culture du café au Kivu ne signifie pas favoriser une monoculture ou une intensification qui irait contre la sécurité alimentaire.

Au contraire, donner de la valeur au café renforce la stratégie de production diversifiée que les paysans ont eux-mêmes construites.

Sortir de la précarité

Les exploitations familiales qui produisent le café ne possèdent souvent que 0,5 à 2 ha à cause de l’importante pression foncière de la zone. Les revenus sont très faibles et hypothétiques (150kg de café vert/an)... Ces revenus monétaires, qui représentent parfois jusqu’à 50%, permettent l’accès à l’alimentation pour des produits de base (huile, riz, etc.) de même que de subvenir aux besoins essentiels : école, santé, habillement, etc. La collecte du café se fait pratiquement toute l’année ce qui permet une rentrée régulière d’argent dans la trésorerie familiale.

Notre histoire avec la sopacdi

La SOPACDI est une coopérative regroupant désormais 8 865 producteurs de café, organisés en 44 cellules de 50 à 100 producteurs. C'est une initiative récente. Le projet est né en 2002 à l’initiative d’un petit groupe de producteurs de café mené par Joachim Munganga, sans l’aide de l’Etat. La réflexion a été de trouver des solutions collectives pour sortir de la précarité grâce au café. Ils ont été appuyés par la COOPAC (ONG Rwandaise) au tout début. L’idée a été de produire un café spécial de qualité exceptionnelle pour générer des revenus aux petits producteurs.

Puis en 2008, la SOPACDI croise le chemin de Richard Hide de Twin qui est en prospection au Kivu. Twin obtient un programme d’appui pour assister la SOPACDI dans le développement de sa stratégie : régénération des cultures de café, approvisionnement des producteurs en semences et plantules, formation des planteurs pour améliorer la qualité du café et octroi de microcrédits pour accroître la production, formation en business, accompagnement aux certifications Fairtrade et Biologique. Les premières exportations de café ont lieu en 2008 puis les volumes de production et d’exportation ont augmenté chaque année.

Fin 2011, la première station moderne de lavage du café de RDC a été inaugurée pour produire une meilleure qualité : le kivu 2 full washed, un des meilleurs cafés du monde.

C’est à cette occasion qu’ETHIQUABLE réalise sa première visite à la SOPACDI à Minoza juste avant les élections de novembre 2011 dans une ambiance électrique.

Grâce aux partenaires financiers comme Alterfin, la SOPACDI a pu collecter le café vert auprès de ses producteurs entre mai et juillet 2012 avant de le mettre en sac à l’usine de Goma (à 3 heures de route de Minova) d’où il est parti pour un long voyage à travers le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya jusqu’au port de Mombassa (Kenya) où il a embarqué sur un cargo direction Le Havre. Toute une aventure.

En plus de la certification FLO obtenue en 2010, pour aller plus loin dans la démarche environnementale, la SOPACDI a obtenu la certification biologique mi 2012 avec succès dès la première année grâce à l’appui terrain.

Depuis les premières ventes de café en 2008 à un prix très rémunérateur, la Sopacdi a connu un immense succès en doublant le nombre de membres chaque année jusqu’à atteindre près de 8 865 producteurs début 2017. De 10 tonnes vendues en 2008, la Sopacdi a exporté 280 tonnes de café en 2012. Devant un tel succès, la SOPACDI cherche de nouveaux clients. ETHIQUABLE est le premier à lancer le café pure origine Kivu équitable et bio sur le marché français en janvier 2013.

Quel impact du commerce équitable pour la sopacdi ?

Une organisation démocratique

Avec le démarrage du projet en 2008 avec Twin, la SOPACDI retrouve une nouvelle vivacité. La vie démocratique de l’organisation s’est réorganisée, avec la réalisation régulière d’Assemblées générales et un Conseil d'administration actif composé de 220 représentants.

Et autonome

La SOPACDI est propriétaire de sa propre usine de lavage du café à Minova. Elle dispose de l’outil essentiel à la production du meilleur café du monde. Un système de contrôle de qualité aux différents niveaux de la collecte est maintenant opérationnel. L’équipe professionnelle est maintenant constituée de son gérant, de son comptable et de deux ingénieurs agronomes et une équipe de 12 techniciens de terrain. Les groupes de base ont également renforcé leurs capacités et leur fonctionnement.

un accès au crédit

La Sopacdi collecte et exporte directement son café depuis Goma. Grâce aux contrats signés à l’avance, elle a su gagner la confiance des organismes de micro-finance qui lui prêtent directement des centaines de milliers d’euros (à des taux beaucoup plus intéressants que les banques locales) pour collecter le café avant de l’exporter.

Des prix plus rémunérateurs

En 2012, la SOPACDI a vendu son café autour de 230 à 260 USD/quintal de 45,35 kg lorsque le prix du marché était aux alentours de 170 USD/quintal. Ce différentiel de prix permet à la SOPACDI de payer le café aux paysans à environ 30% de plus que les intermédiaires locaux, tout en couvrant des investissements (station de lavage, bureaux, ..) et des actions de formation et d’animation.

Maîtriser la qualité du café

Les échanges avec des coopératives du Rwanda ont permis à la SOPACDI de maîtriser aujourd’hui concrètement le processus de lavage et fermentation du café. Dans ce domaine il existe encore des marges de progrès puisque l’unique station de lavage de café ne peut laver que 30% du volume collecté de café. Aussi d’autres projets de station de lavage sont en cours d’exécution dans des zones dispersées autour de Minoza.

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