A+A-
Imprimer Partager sur Facebook

Tribune dans Libération : un commerce équitable exigeant et bio

Publié le 16 novembre 2016 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2020

En réaction à un article dans Libération affirmant que face à l’exploitation sociale du cacao, la solution était... « rien », le journal nous a ouvert ses colonnes pour faire entendre notre point de vue, dans cette Tribune publiée le 15 novembre.

Le titre "Cacao : face à une logique de masse, un commerce équitable exigeant" choisi par la rédaction résume assez efficacement notre pratique et la conclusion "Ensemble, nous changerons le marché", notre logique d'action.

Car, oui, nous pensons qu’ensemble, consommateur, et acteur d’un commerce équitable exigeant, nous pouvons permettre à des coopératives de petits producteurs d’assumer un rôle d'action sociale et d'accompagnement du développement sur leur territoire !

continuer la lecture sur 

 

TRIBUNE

Cacao : face à une logique de masse, un commerce équitable exigeant

Par Christophe Eberhart, Co-fondateur de la Scop Ethiquable

En réaction à un article publié dans «Libération», un responsable de la Scop Ethiquable rappelle les bienfaits de ce type de commerce qui permet aux petites coopératives d'assumer un rôle d'action sociale et d'accompagnement du développement sur un territoire.

L’article «Le cacao : la fève monte» publié le 29 octobre dans Libération dresse un constat sévère: extrême précarité des planteurs, production ivoirienne en fin de cycle, risque de défrichement des réserves forestières d’Amazonie et d’Afrique pour planter des cacaoyers et faire face à une potentielle pénurie. A la question que peut faire le consommateur pour ne pas encourager l’exploitation sociale autour du cacao, l’article conclut par un laconique «rien».

Pourtant, face à ces enjeux complexes, le simple citoyen a plus que jamais le sentiment que le changement ne viendra pas «d’en haut», mais de l’action concrète de tout un chacun, d’une transformation de nos modes de vie et de consommation.

D’ailleurs, la société civile s’est organisée pour proposer un commerce équitable exigeant du point de vue économique, social et environnemental, au profit d’organisations de petits producteurs du Sud. En France, des entreprises engagées dans ces démarches, souvent en Scop, ouvrent des marchés pour leurs produits et créent au quotidien une perspective de développement et d’autonomie pour ces organisations paysannes.

L’apparition de labels moins exigeants vient quelque peu brouiller les pistes. Ces certifications conçues pour les besoins des grands groupes ne génèrent pas la transformation sociale qui pourtant s’impose. Leur but : sécuriser les approvisionnements pour contrer une pénurie de cacao… pas cher.

Rompre la logique d’un marché de masse

Le cacao répond à la logique d’un marché de masse. Six multinationales fabriquent 50% des produits chocolatiers. Elles font face à cinq millions de familles paysannes précaires, cultivant moins de 10 hectares de cacao et sans pouvoir de négociation. L’étude «La face cachée du cacao» du Basic le confirme: un cacaoculteur de Côte d’Ivoire gagne moins de 2 € par jour et chaque euro de cacao exporté génère 0,77 € de «coûts» cachés - pauvreté des producteurs, déforestation ou travail des enfants - non couverts par ces entreprises et qui restent à la charge de la société.

Sous-payer un cacao, qui plus est de faible qualité pour le consommateur, pousse les paysans à délaisser cette culture pour des productions plus rentables, en l’absence de nouvelles forêts à défricher. Et voilà notre fameuse pénurie. Ce modèle de production créé par le marché de masse est à bout de souffle.

Avec les produits équitables, le consommateur peut jouer un rôle actif. Alors que les cours internationaux sont autour de 2700 $ la tonne de cacao, la Scop Ethiquable achète les fèves en direct à six coopératives entre 4000 et 4600 dollars la tonne.

Ce prix n’est pas un effet de charité: il donne la possibilité aux coopératives d’assumer leur rôle d’action sociale et d’accompagnement du développement sur un territoire.

L’exemple de la coopérative Norandino au Pérou et de la coopérative FONMSOEAM en Equateur

Au Pérou, la coopérative Norandino et ses 7000 familles de producteurs s’appuient sur le commerce équitable depuis vingt ans. Devenue un acteur à part entière à force de projets économiques et sociaux, elle a accru sa capacité de négociation sur le marché et réussi à peser sur les choix de développement de l’Etat et des collectivités locales.

La cacaoculture de masse implique déboisement et culture intensive en pleine lumière avec usage d’intrants et de pesticides. Une autre voie est possible. Le commerce équitable que nous défendons fait le choix de soutenir des productions paysannes avec des variétés anciennes cultivées sous couvert de grands arbres : des systèmes agroforestiers avec une fertilité renouvelée naturellement et une biodiversité accrue.

En Equateur, dans la région d’Esmeraldas, ce sont les petits producteurs qui préservent le mieux les cacaoyers de type national, ces variétés qui offrent des notes florales et miellées si particulières. La coopérative sélectionne et multiplie ce matériel végétal local d’exception.

De la qualité de la fève

En moins de cinq ans, les appuis combinés de notre entreprise et d’une ONG engagée dans l’appui aux organisations paysannes - Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) auprès des producteurs du Nord d’Haïti ont transformé radicalement la qualité de leurs fèves avec la technique du cacao fermenté. Cette origine exprime aujourd’hui tout son potentiel aromatique et sort enfin du marché de masse. Le commerce équitable est aujourd’hui un outil pour valoriser des cacaos de terroir que les logiques du marché ont totalement gommés.

Dans le village de M’Brimbo près de Tiassalé, l’expérience de la coopérative SCEB qui a produit le premier cacao certifié bio de Côte d’Ivoire, montre qu’un prix rémunérateur permet de générer une nouvelle dynamique productive.

Le commerce équitable nous enseigne une chose simple : si le prix d’achat du cacao augmente significativement, les producteurs seront demain en mesure de produire un cacao durable écologiquement sans exploitation sociale.

Les filières de commerce équitable ne peuvent seules changer la donne, mais elles offrent au consommateur une possibilité concrète d’y contribuer. Ensemble, nous changerons le marché.

Et ne vous privez pas de partager le lien sur les réseaux sociaux 
en croquant une de nos tablettes équitables et bio...


 

D'autres articles sur le même thème
Réagir à cet article
CAPTCHA
Merci de répondre à cette question pour prouver que vous n'êtes pas un robot.