MAJOMUT - Commerce équitable au Mexique - café

Majomut signifie « Oiseaux moqueurs » dans la langue Tzotzile, une des langues les plus représentées dans le région du Chiapas, au nord de San Cristobal de las Casas.

La coopérative réunit 940 familles qui témoignent de la richesse des cultures locales : 85% sont tzotziles, 15% sont Celtzoles.

En s'appuyant sur le commerce équitable et avec une forte mobilisation sociale, MAJOMUT a impulsé des programmes d'amélioration et d'auto-construction de logements, de production de céréales de base, d'autosuffisance alimentaire, d'organisation productive de femmes et la création d'une microbanque rurale.

Tourné en juin 2020. Marcela Ruiz Perez, membre de l'union Majomut, union de coopératives de caféiculteurs au Mexique Chiapas, résume au travers de ce court témoignage de l'impact des prix rémunérateurs pour les membres de sa coopérative : solidarité, santé, appui coopératif, développement économique et social.

La force d'une organisation paysanne

Afin d'atteindre sa mission d'amélioration des conditions de vie des familles de producteurs, MAJOMUT suit des "objectifs alternatifs de développement" comme elle le définit :

a) Commercialisation du café directement vers les marchés d'exportation qui résulte en l'élimination d'institutions intermédiaires, privés ou gouvernementales.
b) Processus de conversion à l'agriculture biologique, comme projet social de protection du territoire, au moyen de la conservation de la terre pour obtenir des produits sains et de qualité.
c) Renforcement de la production d'autosuffisance alimentaire, avec des champs de maïs, une production collective de légumes biologique et la création de ferme de volailles.

Leur force vient de la structure démocratique de la coopérative, de la solidité des organes de direction comme le conseil d’administration qui assure la représentation avec les ONG et le gouvernement ou le conseil de vigilance qui gère les contrôles internes de production et de qualité.

Chaque communauté élit un représentant. Les 35 nominés forment l’assemblée de délégués où les propositions des associés sont discutées et les décisions communes sont prises.

Un café bio de terroir

Dans la zone de transition entre les forêts de pins et la forêt tropicale humide lacandona, se trouve la région productrice de café de Los Altos de Chiapas. Elle se caractérise par ses nombreuses collines et chaînes de montagnes, avec une altitude moyenne de 900 à 1 700 mètres au-dessus du niveau de la mer, avec des pluies fréquentes (de 1 500 à 2000mm par an) et un sol composé de cendre volcaniques. Tous ces facteurs contribuent à obtenir des plantations de café d´excellente qualités.

La récolte de café de l'organisation se fait à plus de 1 000 mètres d'altitude et dans des sols d'origine volcanique, et suit un système de production entièrement traditionnel et naturel hérité de leurs ancêtres. Les membres de Majomut sont des minifundistas comptant en moyenne pour une superficie de deux hectares. Ils consacrent généralement un hectare à la culture du café, dont la commercialisation leur permet d'obtenir les revenus économiques nécessaires à l'achat de produits de première nécessité (vêtements, médicaments, etc.) et le reste de la surface est destiné à la production de maïs et de haricots destinés à la consommation. famille et communauté.

"Notre café est biologique, pas seulement parce qu'il est cultivé sans produits agrochimiques, mais aussi car nous nous soucions de la terre et de l'eau, qui sont le patrimoine hérité de nos ancêtres et que nous laisserons aux générations futures. Il est biologique parce que chaque producteur a un soin tout particulier avec ses plantes, récolte lui-même ses grains et les transforment avec sa famille, dans une relation intime avec la nature et avec des connaissances de pratiques ancestrales.

Pour la conversion à l'agriculture biologique, nous collaborons avec un réseau de promoteurs communautaires qui se forment grâce à des programmes annuels d'ateliers sur la conservation de l'environnement, la production et le contrôle de qualité. Les promoteurs transmettent et partagent leurs connaissances acquises avec chacun des groupes de travail dans leurs communautés respectives."

La micro-banque rurale

Dans les zones rurales du Mexique, l'inexistence d'institutions locales avec des services financiers adaptés aux nécessités économiques, sociales et organisationnelles des communautés, constitue le principal obstacle pour un accès aux services financiers d'épargne et de crédit. La création de la Microbanque Rurale de Majomut est un pari pour un système de financement local, administré par les producteurs de café et adapté à la culture et aux nécessités de ces derniers.

La volonté initiale, qui a mené à sa création en 2004, était de développer une institution financière locale qui soit durable, qui ne dépende pas de subventions et qui se base aussi sur les ressources fournies et apportées par les sociétaires, qui administrent efficacement leurs épargnes.

La Microbanque rurale est une organisation sans but lucratif qui offre, de manière permanente aux sociétaires de la coopérative, des services d'épargnes et de crédit adaptés aux nécessités économiques et sociales des familles.

En 2012, cette banque gère plus de 3 millions de pesos mexicains (175 00 €), ce qui permet à la coopérative de pré-financer ses récoltes et limiter la dépendance à des organismes financiers extérieurs. Ainsi, quand Majomut a besoin d’un fond pour vendre ses lots de café, elle emprunte en partie à la micro-banque.

Les intérêts restent ainsi dans le cercle des communautés. Les associés entrent avec une épargne et ensemble ils prêtent leur argent à un intérêt défini, et ainsi tout le monde est gagnant. En situation d’urgence, une partie du capital peut aussi être prêtée à un des producteurs, à hauteur de son épargne.

L'auto-suffisance alimentaire

Majomut a aussi lancé une ligne de production alimentaire, gérées par les femmes. A la fin de l’année 1996, les femmes et filles des associées ont fait part de leur inquiétudes quant à la seule production du café et leur non intégration au travail communautaire. Sans expérience dans la culture d’autres produits, elles estimèrent que les promoteurs pouvaient les aider à développer des jardins communautaires pour la production et l’autoconsommation alimentaire.

Depuis, l'initiative du groupes de femmes travaille avec l'objectif de renforcer et de créer des capacités productives. La diversification alimentaire se compose, par exemple, de la production de légumes biologiques et de la gestion intégrale d’élevages de volailles. Les groupes communautaires de femmes s'organisent à l'intérieur de la communauté pour travailler de manière collective et avoir une distribution équitable des résultats de travail.

Le choix du Symbole des Producteurs Paysans en 2011 par fernando rodriguez

Fernando Rodriguez, le coordinateur de la coopérative MAJOMUT

"Le Symbole des Producteurs Paysans (SPP) reprend la philosophie du commerce équitable et de l’économie solidaire. C’est un moyen de construire une économie alternative."

"Un des buts de Majomut est d'apporter des changements dans la conception et les pratiques des relations commerciales. Depuis la fin 2011, nous participons au Symbole des Producteurs Paysans, un label de commerce équitable qui appartient aux producteurs eux-même."

"Le SPP est, pour nous, une façon de distinguer les produits des petits producteurs. Nous avons le sentiment qu'il nous rapproche du consommateur qui est très loin de nous : il permet au consommateur de savoir que le café qu'il boit, provient d'un producteur qui a 1 ha de café et non d'une grande plantation."

"En achetant un produit SPP, le consommateur a la garantie que l'argent va à la famille paysanne. Le SPP lui garantit un respect de l’environnement, non seulement pour le producteur et sa famille, mais aussi comme une contribution à la protection de l’environnement pour tout le monde. Nous plantons des caféiers sous ombrage de grands arbres, qui permettent la captation du CO2. Nous participons à notre mesure à la lutte contre le changement climatique parce que nous utilisons l’énergie solaire pour réaliser le café lavé. Nous souhaitons, nous aussi, que nos familles vivent dans de meilleures conditions.

"Le SPP nous assure un prix minimum et une prime bio supérieurs aux autres labels, ce qui garantit de la stabilité et des efforts mieux rémunérés pour améliorer la qualité du café et satisfaire les consommateurs. Il assure aussi une relation de long terme et plus proche entre le producteur, la marque et le consommateur."

L'attaque de rouille mine la résolte 2013

La récolte de café 2013, qui démarre en décembre 2013, a été marquée par les attaques de rouille, la roya. Ce champignon se propage rapidement avec l'alternance de la chaleur et des pluies. Les feuilles et parfois les tiges des caféiers noircissent. Les parcelles les plus affectées sont irrécupérables.

Il faut alors couper et replanter des nouveaux plants, qui ne produiront que dans 36 mois. Certains caféiers ont pu être sauvés avec une taille à 50 cm du sol. Ceux-ci produiront à nouveau des cerises dans 24 mois. Dans tous les cas, la rouille a des conséquences désastreuses sur les revenus des producteurs.

MAJOMUT fait le bilan de fin de la récolte en juin dernier : 35 % de café récolté en moins et les estimations pour la récolte à venir, sont encore plus pessimistes. La coopérative du Chiapas prévoit de produire pour la prochaine récolte 2014/2015, 8 containers de café : c'est 50 % de moins que les années antérieures.

L'équipe administrative et les élus ne restent pas les bras croisés et concentrent leur efforts sur la rénovation des plants de caféiers chez les producteurs. Les cérémonies en l'honneur des 30 ans de la coopérative sont reportées. MAJOMUT prévoit de récupérer son potentiel de production dans 5 ans.

D'ici là, Fernando Rodriguez, le coordinateur de la coopérative, veut voir l'avenir positivement :

" Nous, Union Majomut, nous voulons continuer à vous assurer au moins deux lots de café et continuer à ravir les palais des consommateurs ETHIQUABLE qui influencent et contribuent à de meilleures conditions de vie des familles du café. Continuons à nous soutenir mutuellement !"

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