Association Paysans du Rance - Commerce équitable en France

Réhabiliter les châtaigneraies anciennes en Aveyron

Partenaire depuis 2011

dans le cadre de la charte Paysans d'ici
25 producteurs bio (éleveurs, maraîchers, polyculteurs)
Projet : réhabiliter dans la vallée du Rance en Aveyron les châtaigneraies anciennes, emblèmes du patrimoine culturel de la région.

Sur le terrain

Ce projet est suivi par Arthur Gautier, agronome ETHIQUABLE, basé à Paris, en charge du suivi des organisations paysannes en Afrique de l'Ouest, en Haïti et en France dans le cadre de notre démarche Paysans d'ici.

Les produits

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L’histoire de la crème de châtaigne Paysans d’ici a pour point départ la création en 2007 d’un marché paysan dans les Grands Causses de l’Aveyron par des petits agriculteurs qui veulent faire vivre leur territoire, la vallée du Rance.

Le projet avec ETHIQUABLE contribue à cette nouvelle dynamique. Avec le temps et l’accroissement des volumes, on peut imaginer l’Association parviendra à relancer une filière châtaigne qui conduira non seulement au maintien mais aussi à la réhabilitation des châtaigneraies anciennes aujourd’hui abandonnées.

Le point de départ : la création d’un marché paysan

L’association des Paysans du Rance a été formée en 2007 par une douzaine de producteurs bio de la vallée du Rance au Sud de l’Aveyron dans le Parc naturel régional des Grands causses. L’objectif était d’améliorer la commercialisation des produits de chacun des agriculteurs. La première action concrète de l’association a été l’organisation d’un marché paysan hebdomadaire sur un terrain au bord de la route principale traversant le territoire. Les 25 producteurs de l’association sont très divers. Ils sont éleveurs de brebis laitière, maraîchers, aviculteurs ou polyculteurs. Chacun vient vendre ses produits sur le marché paysan: légumes, volaille, conserves, miel, fromages, etc.

Extrait de la charte de l’association des Paysans du Rance. Devant l'évolution du milieu rural : intensification de l'agriculture, dégradation des sols suite à des pratiques non responsables de la terre et de l'environnement qui provoquent la disparition de nombreuses fermes dans notre Vallée et à terme la mort de nos Villages, Nous, PAYSANS DU RANCE, décidons de participer à la vie de nos territoires, en soutenant toutes les initiatives qui développent une agriculture respectueuse des sols, des animaux et des Hommes !

Les premiers pas de la crème de châtaigne

Jacques Alvernhe, l’un des promoteurs de l’association des Paysans du Rance, est une ancienne connaissance d’ETHIQUABLE. Engagé durant de nombreuses années avec une ONG de développement dans le pays Soninké région des trois frontières (Mali, Mauritanie, Sénégal), il a monté à son retour la Scop Le Damier qui fût le partenaire d’ETHIQUABLE pour mener le projet fonio au Mali. En 2005, Jacques Alvernhe s’installe sur une ferme dans sa région d’origine. Outre l’accueil de vacanciers dans son gîte, il monte un atelier de transformation de fruits et légumes de la ferme. Parmi les jus, confitures, compotes et conserves de légumes, il produit une excellente crème de châtaigne, lui permettant ainsi de valoriser la production des nombreux châtaigniers de son exploitation.

La tradition aveyronnaise de la châtaigne

En Aveyron, la châtaigne constituait jusqu’au début du 20ème siècle une base de l’alimentation des familles. Dans ce pays de production de Roquefort, la châtaigne servait aussi de complément d’alimentation des brebis laitières. Les châtaigneraies anciennes sont restées en place jusqu’à aujourd’hui. Elles occupent le haut des coteaux, là où le sol est trop mince pour être cultivé. Les agriculteurs les ont maintenues comme un couvert boisé, mais sans réellement les exploiter. Ainsi beaucoup de propriétaires de la région (agriculteurs ou non) possèdent châtaigner mais n’y attachent pas beaucoup d’importance. La valeur marchande des châtaignes, entre 0,60 et 1,00 € le kilo, est insuffisante pour justifier de les récolter ou d’entretenir les arbres.

La naissance de la crème de châtaigne Paysans d’ici

L’idée de Jacques était donc de proposer à ETHIQUABLE une crème de châtaigne dans le cadre du projet Paysan d’Ici. L’association des Paysans du Rance réfléchit justement à mener une nouvelle action collective au-delà du marché paysan. Chacun ayant des châtaignes à valoriser, tous les éléments étaient réunis pour que cette initiative voit le jour. A partir d’une estimation du temps de travail pour la récolte, les membres de l’association ont considéré que le prix de 2 €/kg était rémunérateur et devait permettre de relancer une nouvelle dynamique de valorisation de ce produit à l’abandon.

La première expérience de fabrication artisanale

Les premiers essais ont été réalisés par Jacques Alvernhe dans son atelier : l’idée est d’associer le sucre de canne équitable et bio de la coopérative Manduvira au Paraguay que nous commercialisons en poudre et en morceau. Une fois la recette mise au point, il a été décidé de confier la fabrication des produits à une confiturerie de la région. En effet, les quantités que nous souhaitions commercialiser étaient trop importantes pour les capacités de l’unité artisanale. Les produits fabriqués en 2010 ont connu un grand succès auprès des consommateurs. Toute la production a été rapidement vendue. Malheureusement, la récolte de 2011 a été quasi nulle, aucune crème de châtaigne n’a pu être fabriquée. Cette situation nous rappelle que les châtaigneraies sont des cultures pérennes anciennes sensibles aux variations climatiques. Dans une démarche de produits locaux Paysan d’Ici, nous devons accepter ces aléas et le risque de rupture qui y est lié.

Des résultats prometteurs

Le projet rassemble aujourd’hui plus de trente apporteurs de châtaignes : agriculteurs, particuliers propriétaires châtaigneraies ou cueilleurs sur des châtaigneraies à l’abandon (avec l’autorisation des propriétaires). L’association des Paysans du Rance a un rôle actif pour mettre en relation les cueilleurs avec les propriétaires. Un appel a d’ailleurs été lancé à tous les propriétaires intéressés de la région. En 2012, 9 tonnes de fruits ont ainsi été récoltées, permettant de fabriquer 35 000 pots de crème de châtaigne. Cette année, les producteurs ont dû stopper la collecte car l’engouement des cueilleurs était tel qu’ils étaient en capacité de dépasser l’actuel potentiel de commercialisation d’ETHIQUABLE. Enfin, les membres de l’association maîtrisent maintenant parfaitement l’organisation de la collecte et les techniques de conservation des fruits avant leur expédition vers la confiturerie.

Une nouvelle dynamique en marche

L’Association des Paysans du Rance n’est pas la seule à agir face à l’abandon des châtaignerais. Le Conseil général de l’Aveyron a créé un Conservatoire de la Châtaigne de l’Aveyron dont le but est de sauvegarder la production et les vergers. Le Conservatoire a ainsi décidé d’aider les propriétaires à réhabiliter leurs châtaigneraies. Pour ce faire, des équipes spécialisées (avec cordes et baudriers) sont mobilisées pour élaguer les vieux arbres centenaires.

Un Conservatoire de la Châtaigne pour lutter contre la perte d’un patrimoine culturel. En Aveyron, les châtaigniers connaissent une phase d’abandon. Plusieurs facteurs se sont conjugués, comme l’introduction de la pomme de terre (fin XVIIIème siècle), la Révolution Industrielle (industrie du tanin), l’avènement de l’agriculture moderne et la propagation de maladies au milieu du XXème siècle etc. On assiste aujourd’hui à un appauvrissement de la biodiversité végétale autour des châtaigniers. Cette érosion génétique entraîne une perte irrémédiable du patrimoine culturel à différents niveaux : capital génétique, adaptation au milieu, diversité des productions et des savoir-faire, gustatif. Sur 12 hectares, le Conservatoire héberge plus de 70 variétés différentes de châtaignes Aveyronnaises.

Pendant quelques mois, la photographe aveyronnaise Amandine Johannet a suivi les producteurs de l’Association. Ses déambulations ont donné lieu en 2012 à expo photo à l’office du tourisme de l’Aveyron. Voilà comment Amandine Johannet les présente :

Face à l'intensification de l’agriculture, à la dégradation des sols, ces producteurs ont remis en cause leurs pratiques et soutiennent une agriculture à dimension humaine, respectueuse de la terre. Ils mettent en valeur les pratiques d’agriculture biologique et biodynamique et tiennent à la proximité tant dans l’approvisionnement des exploitations que dans la commercialisation de leurs produits à travers des circuits courts.